Loi 25 : l’indifférence des firmes informatiques n’est plus défendable

Si vous vous sentez visés, c’est probablement parce que vous l’êtes

Je le dis d’emblée : certains vont se sentir heurtés en lisant cet article. Et à vrai dire, ils savent exactement pourquoi. Il n’est pas question ici de pointer du doigt pour le plaisir, mais de souligner une réalité qui devient de plus en plus difficile à ignorer : de nombreuses firmes informatiques continuent de tourner le dos à leurs responsabilités face à la Loi 25.

Ce n’est pas un oubli. Ce n’est pas de l’ignorance. C’est, dans bien des cas, une indifférence stratégique, enveloppée d’un vernis technique ou commercial.

Quand l’expertise devient une excuse

Les fournisseurs technos se présentent comme des experts. Ils conseillent, développent, hébergent, déploient. Ils sont les architectes de la transformation numérique de leurs clients. Et pourtant, lorsqu’il est question de la Loi 25 — cette loi pourtant incontournable sur la protection des renseignements personnels — trop d’entre eux font semblant de ne pas voir.

Pire : certains continuent de recommander des solutions qui vont à l’encontre des principes de souveraineté des données, ou qui exposent inutilement les organisations à des risques juridiques. Et lorsqu’on leur pose la question, la réponse est souvent la même : « Ce n’est pas notre mandat » ou « Le client n’a pas demandé ça ».

Mais si ce n’est pas à vous de le faire, alors à qui?

L’inaction n’est plus neutre

À une époque où la cybersécurité, la transparence et le respect de la vie privée sont au cœur des préoccupations sociétales, l’inaction technologique devient un choix lourd de conséquences. Continuer à proposer ou à supporter des infrastructures qui ne respectent pas les principes de la Loi 25, c’est contribuer à l’érosion de la confiance numérique.

Et soyons honnêtes : bien des firmes savent exactement ce qu’elles devraient faire. Elles connaissent les hébergeurs conformes, les meilleures pratiques, les outils disponibles. Mais elles ne le font pas. Pourquoi? Parce que ça demande plus d’effort. Parce que ça coûte un peu plus. Parce que ce n’est pas ce que « tout le monde fait ».

Le confort du statu quo

Il est confortable de rester dans ce qu’on connaît. Il est rentable de réutiliser les mêmes outils, les mêmes plateformes, les mêmes modèles d’affaires. Mais ce confort a un prix : celui de mettre vos clients en situation de non-conformité, souvent sans qu’ils en aient conscience.

Refuser d’intégrer les exigences de la Loi 25 dans ses offres, c’est envoyer un message clair : « Ce n’est pas notre problème ». Mais ce message est en train de se retourner contre ceux qui le propagent.

Le rôle attendu des leaders technos

Les firmes informatiques ne sont pas de simples exécutants. Elles façonnent le numérique québécois. Elles influencent les décisions des organisations publiques et privées. Elles ont une responsabilité morale et stratégique d’agir comme des leaders — pas comme des suiveurs.

Être un véritable partenaire technologique aujourd’hui, c’est refuser les raccourcis, c’est poser les bonnes questions, c’est proposer des solutions souveraines, respectueuses des lois et des valeurs locales.

Et maintenant?

L’heure n’est plus à la complaisance. Si vous travaillez dans une firme techno et que vous vous reconnaissez (même un peu) dans ce texte, vous avez encore le pouvoir de changer les choses. Pas dans un an, pas après la prochaine mise à jour. Maintenant.

Parce que vos clients méritent mieux. Et parce que vous pouvez être une partie de la solution — pas du problème.